Ce lundi 7 décembre, le Baromètre des villes Marchables vient d’être diffusé largement. Il fonctionne comme le Baromètre des villes cyclables, que de nombreux cyclistes connaissent bien. Chaque piéton est appelé à remplir ce questionnaire avant le 15 février 2021. Les résultats collectés sur toute la France permettront de diffuser un palmarès qui contribuera à encourager chaque commune à mettre en place des politiques publiques pour des espaces publics adaptés à tous les usagers de la ville, vers une ville pacifiée et plus désirable.
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Pendant le confinement du printemps 2020, un Collectif « Place aux Piétons » (P.A.P.) s’est enfin créé, avec l’appui de trois associations nationales : La Fédération Française de Randonnée Pédestre, 60 millions de piétons et Rue de l’Avenir. Ce collectif s’est mobilisé en premier lieu pour demander aux autorités publiques, que des mesures soient prises pour faciliter la marche à pied, au moment où les transports collectifs ne présentaient pas les meilleures garanties en termes de distanciation physique contre la propagation du Covid-19. Des coronapistes avaient été imaginées, mais pas grand-chose pour faciliter la marche à pied !
Un manifeste pour les piétons a été publié (cf. le site Place aux Piétons Loire Sud – Agglomération Stéphanoise (le collectif est devenu une association en 2021) .
Saint-Étienne est une des premières villes de France avec Marseille, à avoir lancé un collectif Local.
Ce collectif « P.A.P. agglomération stéphanoise » a été annoncé officiellement aux médias ce 7 décembre 2020 (cf. communiqué de presse). Il est soutenu par des associations défendant l’accessibilité de tous aux espaces publics et les modes actifs de déplacement :
- Association d’usagers des transports collectifs (ADTLS),
- Rue de l’Avenir St-Étienne,
- Associations de cyclistes — Ocivélo et O2 de l’Oxygène pour l’Ondaine —,
- Associations de personnes en situation de handicap dont l’Unafam 42,
- Association environnementale locale — SOS Villars —,
- Structure universitaire de promotion de l’exercice physique pour la santé (Chaire ACTIFS) ou universitaire pour des espaces publics de qualité,
- Et bien sûr des particuliers.
Les piétons prennent la parole et s’organisent
Toutes celles et ceux qui aspirent à une ville plus vivable et agréable, ne peuvent que se féliciter de l’émergence de la parole des piétons, et de l’organisation de ce mouvement. La marche à pied est le mode le plus économique, un des moins polluants et des moins bruyants et un mode très sain pour la santé. Il est réconfortant de constater que les « usagers » les plus vulnérables dans l’espace public, face aux voitures et aux cyclistes, rappellent leurs besoins spécifiques et leurs revendications particulières.
Vers une ville à hauteur d’enfant
De nombreuses recherches démontrent combien il est essentiel pour le développement psycho-moteur des enfants, que la rue redevienne le troisième lieu de socialisation pour ces petits êtres en devenir, à côté de la famille et de l’école : apprentissage des notions d’espace, d’orientation. La rue doit aussi redevenir un espace de jeu, de rencontre, de « bien vivre ensemble ». Aujourd’hui, les enfants ont perdu 25 % de leurs capacités physiques, avec la sédentarité liée au tout voiture et aux jeux numériques !
Des animations sont proposées partout en France pour que nous réapprenions à partager la rue entre enfants, seniors et autres usagers. Ci-dessous à Firminy en 2018 (cliquez pour agrandir).
Vers une ville plus adaptée aux besoins quotidiens et donc aux femmes
Des études révèlent que les femmes sont moins utilisatrices de vélos, scooters, motos, voire des transports en commun et qu’avec leurs trajets multi-fonctionnels (travail, courses et enfants), elles sont les plus nombreuses à marcher. Il est plus complexe de penser la ville autrement qu’en seule logique de flux. Un⋅e marcheur⋅se s’arrête, fait des détours, des pauses.
Vers une ville plus adaptée aux séniors
Notre population vieillit et nos villes doivent s’adapter à ce phénomène démographique majeur. De nombreuses personnes âgées n’osent plus sortir sur les trottoirs, de peur de se faire bousculer par les autres, notamment les trottinettes, voire certains cyclistes. Si ces séniors sont « interdits de ville », ils risquent de réduire leur activité de marche, pourtant essentielle à leur santé (notamment pour prévenir les risques de chutes).
N’oublions pas les Personnes à mobilité réduite
Enfin, les personnes à mobilité réduite (PMR) — qui en plus des personnes en situation de handicap incluent les parents avec poussettes d’enfants, les personnes blessées ponctuellement, etc. — sont aussi bien absentes de nos rues. Même si des commissions d’accessibilité dans les collectivités locales se penchent depuis quelques années sur l’adaptation de nos espaces publics aux personnes porteuses d’un handicap, il reste encore beaucoup à faire pour permettre un « réel vivre ensemble » et une intégration de tous.
Il est donc essentiel …
… que tous ces usagers de la rue, actuellement exclus de nos espaces publics, puissent lister l’ensemble des points noirs d’un quartier, d’une ville, d’un village, pour identifier les actions à mettre en place pour améliorer la place des piétons sur nos espaces publics. Et il ne s’agit pas seulement d’élargir les trottoirs et de sécuriser les traversées et les carrefours ! Il faut aussi penser à créer des cheminements piétons, à l’écart des voiries urbaines, de leur bruit et leur air vicié. Il faut imaginer des circuits agréables, pour marcher, flâner, à travers les espaces verts de la commune, le long des berges de nos rivières, à travers les pâtés de maison pour des traboules réinventées, etc. Faire de la marche un plaisir, pas seulement un déplacement utilitaire !
Ci-dessous des aménagements comme exemple de partage de l’espace urbain à Freiburg dans éco-quartier de Vauban (cliquez pour agrandir).
Vers un mouvement fort pour les mobilités actives !
Ce mouvement fort et créatif imaginera de nouvelles façons de vivre la ville et de traverser nos espaces publics, permettra de développer une approche globale de réinvention de la ville pour qu’elle sorte de son logiciel centré sur la voiture : place aux zones de rencontre, à la Ville à 30 km/h, à du mobilier urbain adapté à tous (fontaines, bancs publics, signalétique adaptée à ces mobilités actives, etc.).
Ce mouvement Piéton va renforcer le rapport des forces en Modes actifs et ne peut qu’être profitable aussi aux cyclistes. C’est avec ce nouveau groupe de pression, que la ville a plus de chances de se transformer. Contribuons tous et toutes à ce nouveau mouvement pour les mobilités actives !
ACTUALITÉ DU 14 JANVIER 2021
Le quotidien local a fait paraitre ce jour l’article sur le collectif Place aux piétons de Pascal BIGAY, journaliste.