La fin du projet d’autoroute entre Saint-Étienne et Lyon devrait créer des opportunités pour les solutions train + vélo. Dans l’intérêt de tous, cyclistes comme automobilistes, qu’il serait vain de vouloir opposer.
Suite aux recommandations du Conseil d’Orientation des Infrastructures en Janvier [1], la Ministre des Transports Élisabeth Borne a déclaré le 17 Octobre dernier : « L’État privilégie les alternatives routières et ferroviaires à l’A45 » [2,3,4].
Cette prise de position gouvernementale sur un dossier visible du transport dans l’agglomération stéphanoise a donné lieu à des réactions tranchées, les uns se réjouissant d’une bonne nouvelle pour l’environnement, les autres déplorant l’état des transports routiers entre Lyon et Saint-Étienne [5].
Ocivélo, dont le rôle est d’encourager l’utilisation du vélo dans l’agglomération stéphanoise, ne prend pas position sur les infrastructures autoroutières qui, par définition, ne concernent pas les vélos. Ocivélo souhaite également ne pas stigmatiser ceux parmi les automobilistes qui n’ont aujourd’hui d’autre choix que de se déplacer en voiture.
Mais à l’occasion de ce débat, Ocivélo rappelle qu’en ce qui concerne les déplacements entre des points de départ et d’arrivée dans un rayon de 10 km des gares sur la ligne Lyon – Saint-Étienne, la solution vélo + train a de nombreux avantages : plus rapide que les solutions bus + train ou voiture sur des routes congestionnées, elle permet au voyageur de profiter du train pour faire quelque chose pendant son temps de transport (lecture, repos, etc.) tout en prenant soin de sa santé par la pratique d’une activité physique modérée. Et bien sûr, c’est la solution la plus respectueuse de l’environnement comprenant un transport motorisée pour de longs parcours.
Si les flux de voyageurs mélangeant vélo et train autour de Saint-Étienne sont encore faibles, ils existent, ce qui prouve la faisabilité de cette solution. Surtout, le potentiel d’accroissement des flux de passagers à vélo puis train est important : cette bi-modalité pourrait bénéficier à de très nombreuses personnes, en particulier les populations qui demeurent dans l’agglomération stéphanoise et travaillent dans l’agglomération lyonnaise. Ailleurs en Europe, c’est déjà une solution de choix : par exemple au Pays-Bas, 39 % des personnes utilisent un vélo pour se rendre à une gare [6].
Au delà des points de vue exprimés, il convient de noter qu’avec le développement du voyage train + vélo, cyclistes comme automobilistes sont gagnants : chaque usager de l’autoroute A47 converti à cette alternative libère de l’espace sur l’A47 et contribue ainsi à l’amélioration du trafic.
C’est pourquoi Ocivélo invite les responsables des collectivités stéphanoises et de la vallée du Gier ainsi que les décideurs des entreprises de transports publics à se coordonner et agir pour rendre les déplacements vélos + train plus attractifs entre Saint-Étienne et Lyon. La clé du succès dans ce domaine est l’existence d’une gamme complète d’infrastructures et de services de manière à convaincre le plus grand nombre : pistes cyclables et stationnements vélos sécurisés en gare, abonnements train couplés au stationnement vélo et au Vélivert à des prix bas, solutions vélo + tramway ou vélo + bus, etc. Au niveau national, il existe des opportunités de soutien : l’État maintient son engagement de 400 millions d’euros (M€) sur 10 ans afin d’améliorer les axes routiers existants et renforcer le ferroviaire entre Saint-Étienne et Lyon [7] ; un fonds national « mobilité actives » doté d’un montant de 350 M€ sur 7 ans a été créé en septembre dernier. Il vise à « soutenir, accélérer et amplifier les projets de création d’axes cyclables » [8].
L’alternance vélo et train est une excellente idée pour se déplacer entre Saint-Étienne et Lyon. Les opportunités pour la mettre en œuvre sont là. Pour que cette solution ne reste pas confidentielle, c’est à nous et à nos responsables locaux de les saisir !
Références
- [1] Conseil d’Orientation des Infrastructures, « Mobilités du quotidien : Répondre aux urgences et préparer l’avenir », rapport, janvier 2018, lien vers le rapport.
- [2] « Le projet de l’A45 enterré », Le Progrès, pages Loire-Rhône, 17 octobre 2018, lien vers l’article.
- [3] « L’autoroute A45 ne se fera pas : la Ministre explique cette décision », Le Progrès, pages Loire-Rhône, 17 octobre 2018, lien vers l’article.
- [4] « Lyon – Saint-Étienne : Élisabeth Borne confirme l’abandon de l’A45 », Lyon Capitale, 18 octobre 2018, lien vers l’article.
- [5] « Les réactions à l’arrêt du projet d’A45 », Le Progrès, pages Loire-Rhône, 17 octobre 2018, lien vers l’article.
- [6] European Cyclists Association, Factsheet : Marrying cyclists and public transportation, 2012, lien vers rapport.
- [7] « Autoroute A45 : Le projet est officiellement abandonné », France Télévision, journal télévisé du 18 octobre 2018, lien vers l’article.
- [8] Gouvernement français, dossier de presse du plan vélo, 14 septembre 2018, lien vers le dossier.