Le vélo fait l’objet de deux actions programmées dans le plan 2019–2025 de la métropole de Saint-Étienne contre le réchauffement climatique :
• Créer les conditions favorables à la mobilité active dans les centralités de l’agglomération, action n°2
• Accompagner une voirie favorable à la Transition Énergétique et Écologique, action n°9.
Une consultation publique est organisée pour recueillir les avis sur le projet du 1er au 30 septembre 2018. Voici ce que nous en pensons :
Le bilan présenté par ce document, fruit d’un grand travail de recueil de données est très inquiétant pour deux raisons :
– La baisse des émissions n’est pas réelle, elle est surtout provoquée par la désindustrialisation et la réduction de la surface agricole péri-urbaine. Entre 1990 et 2015, avec la tertiarisation de l’économie, les circuits logistiques se sont considérablement étendus, notre alimentation vient de plus loin et les biens de consommation sont fabriqués dans des pays lointains, souvent grâce à l’énergie du charbon. Ces émissions supplémentaires ont lieu à l’extérieur du périmètre métropolitain. Avec moins d’agriculture et moins d’industrie locale, la société perd de sa résilience.
– La baisse des émissions n’est aucunement liées aux actions des plans climats précédents. L’effet de ces actions n’est qu’anecdotique !
Le diagnostic est sans appel. Les objectifs ne sont pas atteints et nous suivons la pire des tendances de réchauffement, nous exposant à une augmentation des températures moyennes supérieure à 4°C en 2100.Le calendrier presse, la perspective d’atteindre les objectifs de manière concertée s’éloigne de jour en jour. Il ne fait aucun doute que nous réduirons nos émissions, mais cela sera de plus en plus probablement le fruit de crises économiques et politiques majeures. Nous n’aurons pas su adapter nos territoires et préparer le public à ces difficultés.
S’il s’agit d’adapter le territoire au fortes chaleurs et sécheresses, il faut aussi préparer l’opinion. Le monde de 2030 sera très différent de celui d’aujourd’hui. Si le public reste éduqué à consommer plus, les difficultés et inégalités économiques provoquées par les limites de approvisionnement en ressources naturelles généreront des mécontents et la période risque d’être politiquement agitée ! Profitons du temps qu’il reste pour mettre en place les actions vertueuses qui sont bien acceptées par le plus grand nombre : le vélo en est un formidable exemple !
L’association Ocivélo concentre son attention sur le secteur des transports. Il représente plus gros émetteur de gaz à effet de serre avec 40 % des émissions. Ces émissions continuent d’augmenter puisque la consommation de pétrole du secteur a augmenté de 27 % entre 1990 et 2015.
Si ces émissions augmentent malgré 25 ans d’amélioration de l’efficacité des automobiles, c’est parce que les déplacements quotidiens sont de plus en plus nombreux et de plus en plus distants. Réduire les émissions, cela signifie nous déplacer moins vite, moins loin et moins souvent. Cet énorme défi, placé sous la double contrainte du pic pétrolier et du réchauffement climatique, sera relevé de gré ou de force. Il s’agit donc de mettre en place les solutions alternatives de manière massive et rapide. Or, pour le secteur des transports plus que l’industrie, le logement ou l’agriculture, la politique locale joue un rôle majeur.
S’il faut parier sur le véhicule du futur, misons sur le vélo, associé aux transports en commun électriques, train, tram, trolley, plutôt que sur les voitures individuelles électriques ou les hypothétiques véhicules à hydrogène ou autres hyperloop !
Le vélo n’est pas une solution si anodine. C’est le mode de transport le plus efficace en terme d’énergie dépensée par distance parcourue. Son usage n’émet aucun gaz à effet de serre et il est très économe en ressources naturelles. En plus, favorable à l’économie locale, le vélo permet de lutter contre l’étalement urbain. Une société qui adopte la solution vélo est bien plus résiliente que celle dominée par le transport automobile.
Les actions proposées par ce plan climat ne sont absolument pas à la hauteur des enjeux. Nous affirmons, rapport du Shift Project à l’appui, au sujet de l’action 2 « créer des conditions favorables pour la mobilité active dans les centralités de l’agglomération » que solution la vélo n’est pas limitée aux centralités urbaines. L’action 9 « accompagner la voirie à la transition énergétique » ne présente rien de plus innovant que le respect de la Loi sur l’Air et l’Usage Rationnel de l’Énergie promulguée en 1996 !
Le manque d’ambition de ces actions pour la mobilité active saute aux yeux. Saint-Etienne métropole n’a même pas daigné leur allouer de budget ! Quand à l’achat de 27 vélos à assistance électriques pour 404000 habitants, il ne faut pas craindre le ridicule pour oser l’inscrire dans le plan climat !
Nous n’attendons pas grand chose de ce plan en l’état actuel. Le vélo sera l’outil de mobilité du futur, nous ferons le maximum pour développer son usage. Au moment où l’État, pour la première fois, organise un plan financé annuellement, nous espérons une inflexion majeure et prochaine dans la prise en compte du vélo par les pouvoirs publics.
D’ici le 30 septembre, n’hésitez pas à lire le bilan et les stratégies de la métropole et à donner votre avis.